Takeshi Kitano, retour de baston
Dans «Outrage», le Japonais revient au film de mafieux sans renouveler le genre.
Oubliées les introspections comiques de Takeshis ou Achille et la tortue, Kitano revient à ce qui a fait son succès : filmer les mafieux japonais, leur mode de vie, leurs attitudes, leur cruauté. En plus de la routine (index coupés au couteau et tabassages féroces), l’acteur et cinéaste nous montre un mafieux qui se fait salement refaire la dentition à la fraiseuse, des coups de cutter en plein visage et une décapitation «motorisée».
Hobbes. La raison d’un tel déchaînement : Katô, numéro 2 de «Monsieur le président», demande à Ikemoto, l’un de ses lieutenants, de cesser toute collaboration avec le clan de Murase. Ikemoto pour faire croire qu’il accepte l’ordre, demande à Otomo (Kitano), de s’attaquer à Murase. Otomo demande donc à l’un de ses hommes de se faire arnaquer dans un sex-shop de Murase pour pouvoir légitimement contre-attaquer. C’est le début d’un enchaînement de règlements de compte et la déclaration d’une véritable guerre interne qui éclate dans le Sanno-kai, l’organisation dominante sur Tokyo. «Ce que révèle Outrage est analogue à ce qui se passe dans d’autres organisations ou d’autres clans en politique, dans les entreprises ou dans le monde universitaire. Il s’agit de survivre dans un univers d’hommes égoïstes», explique Takeshi Kitano. Mais la formule de Hobbes «l’homme est un loup pour l’homme» ne suffit pas à faire un scénario. Le réalisateur a voulu faire une «œuvre d’ensemble», sans personnage central. Otomo, le mafieux de bas étage qu’il interprète, est pourtant le pivot d’une histoire assez prévisible : les «gentils» yakusas qui respectent les codes du milieu se font tuer et les ceux sans foi ni loi prennent le pouvoir.
Sadisme. Entre-temps : des scènes d’insultes, la participation d’un diplomate africain corrompu qui finit par ouvrir un casino, et des plans sur les jolies villas et les grosses voitures des yakusas. Bref, un film qui, au contraire de Sonatine, semble n’avoir d’autre ambition que celle de montrer des exécutions et la complaisance de Kitano dans ce domaine, son sadisme fondamental (y compris dans ses show télé) ne faiblit pas. «En fait, filmer la violence, c’est mon katsu-don [une côtelette avec du riz équivalente à l’entrecôte-frites française, ndlr] à moi, explique-t-il. C’est un plat que je suis toujours prêt à faire. Et j’espère qu’il est bien plus savoureux que tous les autres.» Celui-là manque pourtant un peu de wasabi. Redazionale

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